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La France a décidé de suspendre momentanément sa taxe GAFAM pour éviter une guerre commerciale trop frontale avec Washington. Projet louable à la base et martelé fermement comme étant une avancée essentielle, pourquoi le gouvernement français vire soudainement de bord ? Les GAFA sont-ils trop puissants ? Quels risques représentent-ils ? Les Etats doivent-ils agir ? C’est ce que nous verrons avec Christian Buhlmann.

Qui sont ces GAFAM ?

Les GAFAM sont des entreprises géantes américaines du secteur de la technologie qui sont pourtant, en moyenne, très jeunes (moins de 30 ans). GAFAM signifie Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. En termes de capitalisation boursière, elles atteignent des sommets. Apple est à 1 397 milliards de dollars, Microsoft à 1 275 milliards, Google 1021 milliards, Amazon 925 milliards et Facebook 633 milliards. A titre de comparaison, dans le secteur bancaire, JP Morgan, la banque la plus importante au monde, atteint seulement une capitalisation boursière de 430 milliards de dollars. Cela signifie que les investisseurs croient dans les GAFAM, dans leurs activités et dans leur pérennité.   

Comment les GAFAM en sont-ils arrivés à être aussi puissants économiquement parlant ?

A l’origine, chacune des entreprises s’est lancée dans un secteur spécifique. Apple et Microsoft dans l’informatique, Facebook dans les réseaux sociaux, Amazon dans le e-commerce et Google dans les moteurs de recherche.

Cependant, peu à peu, ils se sont ouverts à d’autres marchés : Google et Facebook se sont intéressés à la publicité web, par exemple. Ensuite, les choses se sont accélérées. Ces multinationales américaines ont engrangé beaucoup de liquidité, ce qui leur a permis de racheter d’autres entreprises. Facebook a racheté What’s App et Instagram, Microsoft a racheté LinkedIn et Google a racheté Youtube. Ces nombreux rachats leur ont permis d’atteindre d’énormes communautés d’internautes. Par exemple, Facebook comptabilise 2,3 milliards d’utilisateurs mensuels.

De plus, la technologie étant transversale, elle touche de plus en plus de secteurs et grâce à leur moyen financier, les GAFAM peuvent financer la recherche et intégrer tous les autres secteurs (automobile, santé, finance, etc.).

Quelles sont les conséquences d’une telle puissance ?

Dans un marché où les géants rachètent des moyennes entreprises, il y a un risque de monopole. D’ailleurs, aujourd’hui on est quasiment dans cette situation. Pourtant, même les autorités traditionnelles de la concurrence ont eu du mal à identifier ce monopole, car pour le consommateur la présence des GAFAM sur le web est indolore. En effet, leurs services sont gratuits en apparence. Cependant, comme le dit l’adage, « si c’est gratuit, c’est vous le produit ». Dans le cas des GAFAM, le produit, c’est les données personnelles des utilisateurs. Il faut donc mettre en place, une réelle politique de protection de la vie privée des internautes au niveau mondial et limiter l’utilisation des données personnelles par les GAFAM.

De plus, d’un point de vue de la fiscalité, il y a un déséquilibre avec d’autres entreprises, car les activités des GAFAM sont difficilement traçables, étant immatérielles. De manière générale, elles font donc remonter leurs bénéfices dans des pays à faible fiscalité, comme c’était le cas avec l’Irlande.

Comment réguler les GAFAM ?

Le consensus international sur la régulation des GAFAM est fort, mais il y a des intérêts nationaux qui subsistent au niveau européen (Irlande) et international (Etats-Unis) qui ont empêché que la taxe soit adoptée.

Pour se battre contre le monopole économique que sont en train de construire les GAFAM et l’impérialisme de certains autres Etats, l’Europe devrait s’harmoniser et mettre en place une réelle régulation des géants du net.