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Souvent critiqués pour leur gestion douteuse des données personnelles des utilisateurs, les GAFA vont-ils un jour remplacer les banques ? Christian Buhlmann tente de répondre à cette question dans la suite de cet article. 

Des GAFA à l’assaut des services de paiement

Du point de vue des banques, ce scénario d’économie-fiction a de plus en plus de chance de se produire et pour cause. Les GAFA ont commencé à développer des services dans le domaine des paiements, comme l’a fait Apple avec sa solution Apple Pay et Google avec Google Pay. Dans les deux cas, l’idée est de donner envie aux consommateurs de payer sans contact avec leur smartphone et les flux financiers passe par l’intermédiaire de Google et Apple. Dans une autre mesure, Facebook aussi s’est développé sur cet axe. Le service déployé par le réseau social est un système de transfert d’argent entre particuliers directement intégré à sa messagerie instantanée Messenger. Le dernier exemple concerne Amazon, le leader du ecommerce. Il propose le modèle le plus avancé, à savoir : du paiement, mais aussi du crédit pour les PME actives sur sa plateforme. 

Pourquoi les GAFA sont-ils autant intéressés à la finance ?

Dans le cas d’un acteur à l’autre, la réponse varie. En effet, pour Apple, l’intérêt est d’entrer encore plus dans la vie quotidienne de ses utilisateurs. En proposant de payer avec son mobile, la marque à la pomme ajoute un outil de plus aux couteaux suisse que sont nos smartphones, brique essentielle de la vie de ses client. 

Pour Facebook, dont le fond de commerce est les données personnelles de ses utilisateurs et la publicité, l’intérêt de proposer du paiement entre particuliers au travers de sa messagerie Messenger est de collecter encore plus de données personnelles pour pouvoir cibler de manière encore plus efficace les publicités sur ses adhérents.

Pour Amazon, le but est de faire en sorte qu’un maximum d’achat passe par sa plateforme. Les solutions de paiement permettent aux acheteurs et aux vendeurs de travailler ensemble avec Amazon et le crédit aux PME permet aux vendeurs d’acquérir un stock de produits qu’ils reviendront ensuite sur le site d’ecommerce. Une fois encore la finance sert le modèle d’Amazon, ce n’est pas de devenir une banque en tant que tel qui l’intéresse. 

Et les banques dans tout ça ? Peuvent-elles perdre leur main-mise sur le marché ?

Pour l’instant, les consommateurs européens font davantage confiance aux banques traditionnelles qu’aux GAFA pour les paiements de la vie quotidienne ou conserver leur épargne. Cependant, ce capital confiance ne suffira pas. En effet, les banques vont devoir faire leur révolution, maîtriser à la perfection les données des clients, les accompagner dans tous leurs besoins et même les anticiper.  

En outre, les changements de personnels incessant dans les banques et l’inflation réglementaire ont amené un désengagement progressif de la relation privilégiée que le banques entretenaient avec leur clients. Ce faisant elles se retrouvent à devenir un service de commodité sur lequel la concurrence en service de paiement est beaucoup plus facile pour n’importe quel acteur qui en a les moyens. 

Pour regagner la confiance des clients, les banque ne doivent pas seulement dire qu’elles “mettent le client au centre” de leur préoccupation, ce qu’elles disent plus ou moins toutes en oubliant de le faire réellement. Elle doivent donc revenir au métier de base du banquier : connaître son client (et pas juste pour satisfaire ses contraintes règlementaires), lui consacrer du temps, l’écouter, l’accompagner, le conseiller, et oser prendre des risques mesurés à ses côtés : “Seul la prise de risque crée de la valeur en économie” Thidjane Thiam (CEO Crédit Suisse)